Pendant des années, le Canada s’est catégoriquement présenté comme un pays embrassant le multiculturalisme et la diversité. Ce récit cache néanmoins le racisme systémique vécu par les Canadiens noirs : le racisme anti-noir. Qu’il soit manifeste ou caché, il est enraciné dans la vie quotidienne.
Voici quatre façons dont s’exprime le racisme anti-noir.
L’école devrait être un endroit pour apprendre et apprendre à avoir une meilleure estime de soi. Pour la plupart des étudiants noirs, il s’agit cependant d’un endroit où le racisme entretient les stéréotypes raciaux et les traitements préjudiciables. Même la manière dont certains enseignants attribuent leurs notes est imprégnée de racisme et de traitement préférentiel envers les étudiants blancs. Dans de nombreux cas, les étudiants noirs sont moins bien notés que les étudiants blancs, bien qu’ils soient du même niveau académique. En Ontario seulement, les étudiants noirs ont reçu 2 fois moins de résultats « excellents » que les étudiants blancs malgré des résultats identiques aux tests normalisés.
Dans une enquête, de recensement, seuls 54 % des étudiants noirs ont déclaré qu’ils se sentaient soutenus par les enseignants.
Ces étudiants ont raison de se sentir ainsi.
Les données montrent que les étudiants noirs sont disproportionnellement orientés vers des formations non universitaires (appliquées) et poussés vers une formation professionnelle. Pour ceux qui sont dans les filières universitaires, ils sont encouragés à passer aux cours appliqués. Beaucoup suivent les conseils des enseignants en qui on leur dit d’avoir confiance. Mais suivre ce conseil empêche souvent les étudiants noirs de poursuivre des études postsecondaires et leurs futures options de carrière.
—Dre Eugenia Duodu-Addy
Le racisme anti-noir a également privé les étudiants noirs d’être simplement des enfants. Rapidement considérés comme des voyous ou une menace, ils sont condamnés à des peines plus sévères que leurs homologues blancs. En fait, les élèves noirs du primaire sont trois fois plus suspendus que leurs homologues blancs. Le pire, c’est que ces suspensions sont généralement injustifiées, mais qu’elles entachent le dossier de l’étudiant.
Sur le marché du travail, les Canadiens noirs sont confrontés aux préjugés et à la discrimination dès qu’ils envoient leur curriculum vitae. Plusieurs fois, les candidats noirs sont refusés parce que leur nom « sonne différemment » ou que leur adresse se trouve dans un quartier à prédominance noire, ce qui les qualifie de « ghetto » et « inaptes » pour le poste. Les recherches montrent qu’une personne ayant un CV « à consonance noire » a 3 fois moins de chances d’être rappelée qu’une personne ayant un CV « à consonance blanche ». Les femmes noires sont plus susceptibles que les femmes blanches d’être au chômage ou sous-employées, même avec un niveau d’éducation plus élevé.. 8,8 % des femmes noires titulaires d’un diplôme universitaire sont au chômage, par rapport à 5,7 % des femmes blanches titulaires d’un diplôme d’études secondaires.
Même si l’on constate des améliorations minimes, la discrimination est encore une réalité sur le lieu de travail. En ce qui concerne l’écart salarial, le Canada a un gros problème.
Pour de nombreux Canadiens noirs, progresser dans une entreprise est manifestement difficile. Même avec de nouvelles politiques visant à promouvoir la diversité et l’inclusion, les Canadiens noirs n’avancent toujours pas à un rythme acceptable. Dans un sondage mené auprès de 48 des plus grandes organisations du Canada, 89 % n’ont aucune femme noire en voie d’accéder au niveau de la direction..
Même au sein de nos systèmes de santé, le racisme anti-noir est omniprésent; c’est aussi un « tueur silencieux » pour la communauté noire. Par exemple, les femmes noires sont sous-dépistées pour les cancers du col de l’utérus et du sein par rapport aux femmes blanches. Il en va de même pour la gestion des douleurs chroniques..
L’inégalité des soins de santé dans la communauté noire est certainement un sous-produit du racisme anti-noir. Elle est à l’origine de l’inaccessibilité aux soins, des hôpitaux moins équipés et du manque de pratiques médicales culturellement pertinentes. Cela conduit aux pires résultats pour la santé physique et mentale.
Le racisme anti-noir a également infesté le système de justice pénale et les pratiques policières du Canada. L’existence des Noirs est criminalisée et surveillée. Des générations de Canadiens noirs ont été privées de leurs droits, marginalisées, brutalisées et, dans de nombreux cas, tuées.
Prenez par exemple le« délit de faciès », où les policiers arrêtent, interrogent et prennent des informations sur les individus sans aucune preuve d’acte répréhensible. Les Canadiens noirs sont arrêtés de manière disproportionnée par rapport à ceux de toute autre race, parce que de nombreux policiers ont des préjugés lorsqu’ils prennent leurs décisions.
Mais ce n’est pas tout.
Les données sont encore très limitées pour comprendre l’étendue de la brutalité policière. Cela en soi est un autre exemple de racisme anti-noir étant donné qu’une question aussi importante n’est pas étudiée de manière approfondie. Pourtant, les recherches dont on dispose sont choquantes. La Commission ontarienne des droits de la personne a signalé que même si les Noirs représentent 9 % de la population de Toronto, ils représentent :
36 % des cas où la police a utilisé du gaz poivré sur une personne
46 % des cas où la police a utilisé un Taser sur un individu
57 % des cas impliquant un chien policier
De plus, les hommes noirs sont surreprésentés dans les prisons canadiennes. En fait, un jeune homme noir sur 15 en Ontario a été emprisonné , par rapport à environ un jeune homme blanc sur 70.
Le système judiciaire canadien n’est pas la faute de « quelques pommes pourries ». Bien au contraire : le système est en fait construit sur une base qui perpétue le racisme anti-noir.
Les exemples mentionnés ne font qu’effleurer la surface du racisme anti-noir, et ne font qu’illustrer la quantité de travail qui doit encore être faite. En tant que nation, les Canadiens doivent
« désapprendre » les stéréotypes négatifs, démanteler les systèmes racistes et développer de nouvelles structures sociales axées sur l’équité. Plus important encore : pour mettre fin au racisme anti-noir, nous devons nous concentrer sur et soutenir l’avancement des Canadiens noirs. Cela signifie une plus grande représentation, plus de possibilités d’études supérieures, des quartiers plus sûrs sans surveillance policière excessive, une célébration de la culture et des contributions au Canada, et bien plus encore.
Si vous souhaitez vous joindre à la lutte pour mettre fin au racisme anti-noir systémique et contribuer à l’avancement des Canadiens noirs, soutenez le Fonds de solidarité pour la communauté noire de S’unir pour changer. Il comprend plus de 70 organismes de bienfaisance qui offrent des programmes essentiels tels que des services sociaux, des arts et de la culture, des soutiens en santé mentale, et plus encore