En 2016, le Canada a signé l’Accord de Paris sur le climat, s’engageant à zéro émission nette d’ici 2050. Le zéro net signifie que les émissions seraient réduites à la source ou absorbées par les plantes ou les arbres. Le Canada s’est également engagé à soutenir l’objectif international visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 0 C. De la conservation de la faune aux solutions énergétiques propres, des travaux ont été mis en œuvre pour atteindre ces objectifs.
Mais qu’en est-il du rôle des systèmes alimentaires dans la lutte contre le changement climatique?
En termes simples, les systèmes alimentaires font référence aux activités liées à la production, la distribution et la consommation alimentaires. Au Canada, la plupart de nos aliments sont produits par de grandes fermes ou sont expédiés sur de longues distances pour arriver dans nos assiettes. Et nos systèmes alimentaires sont responsables de 30 à 40 % des émissions totales de gaz à effet de serre du pays. La plupart de ces émissions proviennent de l’agriculture, de la consommation d’énergie et du gaspillage alimentaire.
En ce qui concerne l’agriculture, diverses activités émettent des gaz à effet de serre. Les engrais et le fumier utilisés pour enrichir le sol émettent de l’oxyde nitreux. Le bétail crée du méthane. Et labourer le sol augmente les émissions de dioxyde de carbone. Nos systèmes alimentaires consomment également de grandes quantités d’énergie sous forme de combustibles fossiles pour produire et transporter des aliments. De même, les déchets alimentaires qui pourrissent dans les décharges libèrent du méthane.
Ainsi, lorsque nous parlons de lutte contre le changement climatique, les systèmes alimentaires doivent avoir une place centrale. Ils jouent un rôle essentiel dans la réalisation de nos objectifs climatiques. Seulement s’ils sont équitables et résilients.
Lorsque les systèmes alimentaires fournissent à tous des aliments sains et culturellement adaptés, offrent de bons emplois (et sûrs) et contribuent à créer des communautés fortes, ils sont considérés comme équitables. De même, les systèmes alimentaires sont résilients lorsqu’ils peuvent résister aux perturbations (par exemple, les troubles politiques, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les crises sanitaires) et continuer à fournir de la nourriture.
Actuellement, la plupart des systèmes alimentaires canadiens ne sont pas équitables.
Étant donné que les systèmes d’oppression sont également enracinés dans nos systèmes alimentaires, de nombreuses communautés racisées sont touchées de manière disproportionnée. Environ 28 % des ménages noirs et autochtones souffrent d’insécurité alimentaire, contre 11 % pour les ménages blancs.
L’équité peut également être vue à travers le prisme de l’accès à la terre. L’accès aux terres arables est de plus en plus difficile pour les jeunes agriculteurs qui souhaitent adopter des pratiques agricoles durables. Le coût d’achat d’un terrain est extrêmement élevé. Les fermes coûtent environ 2,2 millions de dollars en moyenne.
Dans un autre ordre d’idées, la COVID-19 a souligné l’importance de la résilience du système alimentaire et la vulnérabilité de nos systèmes. Les employés de la production alimentaire sont plus susceptibles d’être infectés par la COVID-19. Cela était particulièrement vrai pour les travailleurs migrants qui endurent des conditions de travail dangereuses et déplorables. Les épidémies ont provoqué la fermeture d’usines de transformation et de fermes, laissant des gens sans travail. La fermeture des frontières a causé des retards d’expédition. Et les épiceries étaient incapables de remplir leurs étagères et de nourrir les familles.
L’équité et la résilience peuvent être en partie traitées en investissant dans des systèmes alimentaires locaux et durables, qui, à leur tour, soutiennent les objectifs climatiques. Et de nombreuses organisations canadiennes le font.
Certaines organisations soutiennent et investissent dans les jeunes agriculteurs locaux, leur permettant d’accéder à des terres arables. Ces agriculteurs se concentrent sur une production alimentaire écologique à faible émission de carbone et mettent en œuvre des pratiques qui minimisent les émissions. Cela permet au sol d’absorber le plus de carbone possible. D’autres organisations créent des programmes alimentaires communautaires qui se consacrent au soutien des communautés marginalisées et à l’augmentation des aliments d’origine locale de manière respectueuse du climat. De plus, des organisations à travers le pays créent des programmes qui réduisent le gaspillage alimentaire, en diminuant la quantité de méthane émise dans l’atmosphère.
Cependant, si nos systèmes alimentaires se poursuivent comme maintenant, nous n’atteindrons pas les objectifs envers lesquels nous nous sommes engagés dans l’Accord de Paris.
Les systèmes alimentaires jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. C’est pourquoi S’unir pour changer a travaillé avec trois experts de terrain en matière de justice alimentaire et d’accès à la terre pour créer le Fonds pour la justice alimentaire et les terres agricoles. Ce fonds soutient 40 organisations mettant en relation des programmes, des agriculteurs et des dirigeants communautaires partout au Canada pour bâtir des systèmes alimentaires résilients et équitables. En plus de soutenir les mouvements d’accès à la terre, de souveraineté alimentaire et de justice alimentaire, ils s’attaquent aux problèmes fondamentaux qui sous-tendent l’insécurité alimentaire et les systèmes alimentaires non durables. Ce faisant, ils luttent contre le changement climatique et protègent notre planète.
Avec votre soutien, vous pouvez aider ces organisations à poursuivre leur travail essentiel. Faites un don au Fonds pour la justice alimentaire et les terres agricoles aujourd’hui. Contribuez à transformer et à renforcer les systèmes alimentaires.
Cet article a été écrit par Lauren Baker, PhD, qui a plus de 20 ans d’expérience dans la direction de recherches intersectorielles, de politiques et de plaidoyer pour des systèmes alimentaires durables dans des contextes à but non lucratif, universitaires, commerciaux, politiques et philanthropiques. Lauren est actuellement directrice principale des programmes de la Global Alliance for the Future of Food, une alliance de fondations philanthropiques travaillant à transformer les systèmes alimentaires mondiaux, et le président du conseil d’administration du People’s Food Institute.